Un appel solennel à l’éthique judiciaire
Ce lundi, à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux juges suppléants à la Cour d’Appel de Dakar, le Procureur Général Mbacké Fall a délivré un discours empreint de gravité, rappelant les exigences éthiques, morales et professionnelles qui incombent à tout magistrat. En présence de leurs familles, amis et proches, le ton a été donné : la magistrature est une fonction noble, mais exigeante.
La rigueur comme ligne de conduite
Face à plusieurs hautes autorités judiciaires — dont le Premier Président de la Cour d’Appel, Abdoulaye Bâ, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, ainsi que le Directeur du Centre de Formation Judiciaire — Mbacké Fall a tenu à rappeler que la réserve et les obligations légales ne visent pas à restreindre, mais à préserver la liberté du magistrat et la crédibilité de l’institution judiciaire.
Il a été ferme : « Vous n’êtes pas au-dessus des lois. Malgré vos prérogatives, vous pouvez être sanctionnés, aussi bien disciplinairement que pénalement. Vous êtes puissants, mais pas infaillibles. »
Un environnement hostile à la justice ?
Le Procureur Général a également alerté sur le climat social et médiatique dans lequel les jeunes magistrats devront désormais exercer. Il dénonce une société minée par « la suspicion, la délation, et l’intellectualisation de la haine et de la médiocrité », notamment à travers les réseaux sociaux. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité d’un engagement professionnel solide et d’un comportement irréprochable.
Revenant sur sa propre prestation de serment, il a partagé cette mise en garde : « Le magistrat a deux ennemis : la peur et la médiocrité. » La peur, selon lui, mène à des compromis avec les puissances politique, économique ou sociale. Et de prévenir : « Si vous rendez justice en pensant à votre carrière ou à l’argent, vous devenez vulnérables aux critiques malveillantes. »
Une fonction investie d’une autorité quasi divine
Pour clore son discours, Mbacké Fall a exalté la grandeur de la mission judiciaire, en la comparant à un attribut divin : « Vous représentez le ciel parce que vous exercez un des attributs du Tout-Puissant. » Il a ainsi invité les nouveaux magistrats à être exemplaires, compétents et rigoureux, en motivant chacune de leurs décisions « en fait comme en droit ».
Cette cérémonie, bien plus qu’un rite formel, a sonné comme un serment d’honneur. Un rappel que le magistrat, dans l’exercice de ses fonctions, doit être le reflet de la justice : impartiale, intègre et profondément humaine.