
Invité ce mercredi matin de l’émission Salam Sénégal, Mouhamadou Lamine Badji, secrétaire général du syndicat des travailleurs de la Sonatel, a exprimé ses vives inquiétudes face à l’influence croissante d’Orange, qu’il considère comme une menace directe à la souveraineté nationale dans le secteur des télécommunications.
Selon lui, le conflit entre les travailleurs et Orange remonte à plusieurs années. « Depuis la privatisation de 1997, les syndicats ont toujours défendu l’intérêt national », rappelle-t-il. À l’époque, l’État avait cédé une part du capital à Orange tout en conservant 33 % de participation. Ce partenariat avait pour objectif d’accompagner Sonatel dans son expansion régionale.
Mais aujourd’hui, estime M. Badji, la situation a basculé : « Orange agit comme s’il était l’unique propriétaire de Sonatel, alors qu’il n’en détient que 42 %. » Il dénonce notamment la mise sous tutelle de l’entreprise par la filiale OMEYA, basée à Casablanca, une décision qu’il juge illégale.
Le syndicaliste accuse également Orange d’entraver les ambitions d’expansion de Sonatel, comme le projet d’implantation au Nigéria, et de chercher à contrôler des actifs sensibles comme Orange Money SA et les filiales Orange Finance Mobile à travers une fusion dirigée.
Il salue cependant l’ouverture du Premier ministre, qui a récemment reçu le syndicat en audience. Mais il appelle désormais l’État à assumer pleinement ses responsabilités : « La gouvernance actuelle est déséquilibrée, et l’État, pourtant présent au Conseil d’administration, laisse faire. Il est temps d’agir pour protéger un opérateur aussi stratégique. »
Enfin, M. Badji soupçonne Orange d’adopter une stratégie de division interne : « Ne pouvant nous dominer directement, elle tente de nous affaiblir de l’intérieur. » Il met en garde contre les conséquences de cette politique, qui menacerait l’unité du groupe Sonatel, notamment dans sa dimension sous-régionale.
rts