Les consultations du dialogue national tenues à Dakar du 28 mai au 4 juin ont permis de parvenir à d’importants consensus sur plusieurs axes majeurs liés aux réformes électorales et institutionnelles. C’est ce qu’a annoncé le Dr Cheikh Guèye, désigné comme facilitateur général des échanges, lors de la cérémonie de clôture.
« Toutes les composantes significatives de la société sénégalaise ont pris part aux discussions, et nous avons enregistré un consensus complet au sein de la Commission 3, dédiée aux réformes institutionnelles », a déclaré Dr Guèye.
Parmi les recommandations phares de cette commission figurent la transformation du Conseil constitutionnel en une Cour constitutionnelle, ainsi que la redéfinition du rôle des juridictions dans le processus électoral. Les participants ont également proposé de renforcer ou de refondre l’organe de gestion des élections, avec l’option d’une instance totalement indépendante. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) est également concerné, avec des suggestions de révision de ses prérogatives.
Concernant les règles électorales, 94 % des membres de la commission ont approuvé les propositions avancées. Celles-ci portent notamment sur la réforme du système de parrainage, la prise en compte des recommandations des précédents dialogues, l’automatisation de l’inscription électorale via la carte biométrique CEDEAO, ainsi que l’instauration du bulletin unique.
D’autres sujets ont fait l’objet de débats approfondis : la possibilité d’un audit du fichier électoral, l’introduction du vote électronique, le vote des détenus ou encore le vote par procuration. Le contrôle du fichier électoral (article L.49), la réduction de la durée de campagne, la rationalisation du dépôt des candidatures et l’instauration d’enquêtes de moralité ont également été abordés. La mise en place de règles spécifiques en cas d’élections anticipées a aussi été discutée.
En revanche, les discussions menées par la commission en charge de la démocratie, des libertés et des droits humains ont révélé d’importantes divergences. Seuls 26 % de ses membres ont soutenu les réformes proposées.
Cette commission s’est penchée sur des sujets tels que le cumul des fonctions (Président de la République et chef de parti, élu local et administrateur), la rationalisation du paysage politique, le calendrier républicain, la régulation du financement des partis et le statut juridique de l’opposition.
Des propositions ont également été faites concernant les libertés fondamentales, comme le droit de manifester ou de se réunir publiquement, la création d’un observatoire national de la démocratie, ou encore l’extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel aux citoyens. La nature du régime politique sénégalais, la publication des sondages d’opinion et la protection des libertés publiques étaient également au cœur des réflexions.
Malgré quelques points de friction, le dialogue national a permis d’avancer vers une réforme structurelle du système politique et électoral sénégalais, en mettant en lumière les aspirations communes et les sujets de division.
aps