À Thiès, le malaise est palpable chez les producteurs maraîchers. Ce dimanche, le Collectif des producteurs maraîchers du Sénégal a exprimé sa profonde inquiétude face à une crise de commercialisation qui frappe durement ses membres, malgré une saison agricole jugée productive.
Lors d’une rencontre tenue au siège de l’Association des Unions Maraîchères des Niayes, à la cité Malick Sy, les producteurs ont reçu Thierno Alassane Sall, député et président du parti République des Valeurs. Une occasion de dresser un constat alarmant : les récoltes abondantes n’ont pas trouvé preneur.
Une surproduction sans débouché
Mamadou Ndiaye, coordonnateur de l’association, a salué les efforts conjoints ayant permis une bonne récolte – des conditions climatiques favorables, l’expertise des maraîchers et l'appui de l’État via les subventions aux intrants. Mais cet élan a été stoppé net par une mévente généralisée, en particulier pour des produits comme l’oignon et la pomme de terre, restés invendus pendant les trois premiers mois de l’année.
Concurrence interne et agrobusiness pointés du doigt« Ceux qui ont réussi à vendre l’ont fait à perte, avec un écart d’environ 50 francs CFA par kilogramme entre le coût de production et le prix de vente », a-t-il expliqué.
Les producteurs attribuent cette situation à plusieurs facteurs. De nombreux commerçants, historiquement acheteurs, sont devenus producteurs eux-mêmes. Résultat : ils privilégient la vente de leur propre production, délaissant celle des petits exploitants.
De plus, l’agrobusiness représente une concurrence déloyale, selon le collectif. Les grands groupes agricoles produisent à moindre coût, ce qui déséquilibre le marché lorsqu’ils inondent les circuits traditionnels avec des prix très bas.
Solutions proposées et appel à l’État
Pour sortir de cette impasse, les maraîchers recommandent le développement d’une stratégie de commercialisation, la création d’unités de transformation agroalimentaire, ainsi que l’ouverture à l’exportation.
Thierno Alassane Sall, présent à cette rencontre, a dénoncé le manque de volonté politique pour soutenir un secteur aussi stratégique. Il a appelé à la valorisation de l’écosystème unique des Niayes et à un soutien structurel aux producteurs, notamment pour préserver les nombreux emplois créés dans la filière.
« Il ne faudrait pas que l’effondrement de cette activité pousse des jeunes vers l’émigration clandestine ou d’autres chemins dangereux pour la stabilité du pays », a-t-il averti.