L'Actualité au Sénégal

Kush : l’addictologue Ibrahima Ndiaye alerte sur une drogue meurtrière en pleine expansion au Sénégal


Rédigé le Mercredi 2 Juillet 2025 à 11:10 | Lu 58 fois Rédigé par


Le Dr Ibrahima Ndiaye met en garde contre la drogue synthétique Kush, très présente au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, causant des décès et des troubles graves, notamment chez les jeunes.


 

Le docteur Ibrahima Ndiaye, du Centre de prise en charge des addictions de Dakar (Cepiad), a lancé un cri d’alarme concernant la prolifération inquiétante des Nouveaux Produits de Synthèse (NPS) au Sénégal, en particulier le Kush, une drogue responsable de nombreux décès.

« Toutes les nouvelles drogues circulent aujourd’hui au Sénégal. Le Kush, par exemple, a déjà causé plusieurs morts », a déclaré Dr Ndiaye lors d’un panel au Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge clinique de Fann (CRCF), organisé dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation contre les drogues.

D’après lui, le Kush contient de la nitazène, un opioïde synthétique extrêmement puissant, jusqu’à 25 fois plus fort que le fentanyl. Cette substance, apparue en Sierra Leone à la fin des années 2010, s’est vite répandue à travers l’Afrique de l’Ouest.

« C’est un produit hautement toxique. Une seule prise peut provoquer une intoxication sévère, des troubles neurovégétatifs, ainsi que des symptômes neurologiques ou psychiatriques », a-t-il précisé. Il déplore le fait que le diagnostic est souvent erroné ou incomplet, faute de questionnement sur une éventuelle consommation de cette drogue par les patients.

Face à l’urgence, le spécialiste recommande une réaction rapide, incluant le partage d’expériences au niveau sous-régional, la sensibilisation, ainsi que la formation du personnel médical et paramédical, sans oublier les populations et les décideurs.

Le Dr Ndiaye insiste sur la facilité d’accès au Kush, qui serait plus disponible que le cannabis dans certains milieux, et dont la consommation s’étend désormais à la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal.

Certains traitements semblent partiellement efficaces en phase aiguë, notamment les anxiolytiques, même si les crises peuvent se répéter de manière imprévisible, parfois en l'absence de toute nouvelle prise.

Autre fait préoccupant : l’âge des consommateurs baisse. « Le dernier patient que nous avons reçu n’avait que 14 ans », a-t-il révélé, précisant que si certains sont d’origine étrangère, de plus en plus de Sénégalais sont également touchés.

Selon lui, la consommation est souvent liée à un contexte de précarité socio-économique, rendant d’autant plus urgente une intervention des autorités. « Nous avons la volonté et les compétences, mais sans soutien politique, nos actions seront tardives et limitées », a-t-il conclu.



Dans la même rubrique :