Initialement poursuivi pour homicide volontaire, ouverture illégale d’un internat et mise en danger de la vie d’autrui, l’homme n’a finalement été reconnu coupable que de cette dernière infraction. En complément de la condamnation, renseigne l’APS visitée par Senego, le juge a ordonné la fermeture immédiate du daara et le retour des talibés dans leurs familles.
Âgé d’un peu plus de quarante ans, le prévenu s’est présenté seul à la barre, vêtu d’un boubou gris clair, sans assistance d’un avocat. Face au juge, il a évoqué une possible intoxication alimentaire liée à la consommation de graines de cacia occidentalis, connues localement sous le nom de bantamarré. Il a affirmé qu’un des enfants aurait été aperçu en train d’en consommer avant de tomber malade.
Le substitut du procureur a, pour sa part, pointé une responsabilité claire et une négligence grave, rappelant que le daara fonctionnait sans autorisation administrative et ne répondait à aucune exigence de sécurité ou de compétence reconnue. L’internat hébergeait au total 14 enfants, dans des conditions jugées préoccupantes.
Face aux accusations, le maître coranique a plaidé sa bonne foi, affirmant avoir toujours veillé au bien-être de ses élèves. Il a même confié s’être déjà levé la nuit pour s’assurer qu’ils dormaient paisiblement. Il a aussi déclaré avoir envisagé l’installation de caméras de surveillance dans les locaux, une mesure qui, selon lui, aurait pu prévenir ce drame.
Malgré ses explications, le tribunal a retenu une faute de vigilance, sanctionnée par trois mois de prison avec sursis, marquant ainsi un signal fort sur les responsabilités des encadreurs dans les daaras.