Pour les disparus en mer de Thiaroye, c’est la désolation et la tristesse qui continuent d’étreindre la communauté lébou. Malgré les ferventes prières dites, certains refusent encore de croire à leur mort, en l’absence de confirmation. Le saltigué de la commune de Yenne par exemple, se veut optimiste, préférant plutôt parler de « disparus »…
On notait dans ce grand rassemblement de la communauté, la présence du maire de Thiaroye, Ndiaga Niang, de celui de Yenne, Gorgui Ciss qui a remis 200.000Fcfa aux notables pour les obsèques et de Doudou Gnagna Diop du Parti socialiste. Le maire de Yenne, un des leurs a présenté ses condoléances rehaussé par un discours magistral et son appartenance à la collectivité lébou. Il a reçu un mémorandum des populations dont la teneur n’a pas été divulguée, avant de leur remettre 200.000Fcfa pour les obsèques…
Dans ce lieu de palabres ancestrales, on entretenait certes avec philosophie la mémoire des éventuels disparus, mais l’occasion était trop belle pour ne pas évoquer les problèmes pressants de la communauté : les difficultés du quotidien, les liens de parenté des lébous qui s’effritent, le manque d’unité et de cohésion. Le temps de panser les plaies et d’envisager l’avenir avec sérénité était donc venu…
Avec les souvenirs, le rappel de la tradition par les anciens qui a scellé bien des liens de parenté et d’alliances,dans « lébou gui », les gens de la mer rafraîchit les mémoires. Les propos pleins de sagesse et de concorde du chef de village Baye Ballé Ndiaye Niang, ont été rapportés par son représentant Ousseynou Fall. Le maire de Yenne était accompagné d’une forte délégation dirigée par Abdoulaye Wade Ciss, représentant Serigne Moustapha Sy Djamil.
Dans la recherche d’une union perdue entre gens du littoral, Le Saltigué Mamadou Mbengue, chambellan du grand Serigne de Dakar, chef de la collectivité lébou, maillon essentiel dans cette démarche d’unité, avertit : «Nous avons tous intérêt à être unis, ce sera à notre seule alternative .Si nous voulons jouir de tous nos droits et privilèges. Ce pays nous a dépossédés de tout ; on ne se voit pas dans l’émergence ! » Poursuit-il. Pour lui, les populations lébous, du littoral ne voient pas l’action gouvernementale : les projets et programmes mis en œuvre sont ailleurs.En somme, les maîtres sont : unité et modernisme.
« Pourquoi utiliser encore des pirogues datant de 1500 ans ?
Ce sentiment de frustration et d’abandon national a été exacerbé par les difficultés rencontrées dans la filière de la pêche, avec les pirogues et instruments rudimentaires et ses centaines de morts. « Pourquoi continuer à utiliser des pirogues de 1400 voire 1500 ans, alors que dans le transport urbain, on ne conduit pas des véhicules de 100 ans ? Le parc automobile étant renouvelé. » Le notable continue à se poser des questions, à savoir pourquoi, les lébou ne peuvent pas se constituer en collectif pour cela ? Autant de contraintes qu’il impute aux lébous en ces termes : « Tout ce qui nous arrive est de notre faute. Il faut qu’on se regarde les yeux et qu’on se dise la vérité! » Quant aux mesures de sécurité de sécurité il est aussi, de la « volonté politique de l’Etat ». Finit par conclure le prédicateur. (vidéo)